Marilyn Daoust et Gabriel Léger-Savard collaborent ensemble artistiquement depuis 2018. D’ores et déjà, il.elle se rejoignent autour du désir de porter un regard actif sur notre société. En arts vivants, elle·il croient primordial de miser sur l’expérience collective en jouant avec la charge viscérale, spatiale et allégorique des corps et des mots. Cet alliage qu’il·elle veulent novateur entre théâtre et danse, autant par la forme que par le fond, leur permet d’appréhender les multiples débalancements de notre époque en explorant les rapports entre l’intime et le collectif.
Artistes en accueil “de luxe” au Théâtre Aux Écuries (2023-2025), elle·il ont le privilège d’y présenter leur troisième création, Entre nous sommes pris entre nous. En 2023, Marilyn Daoust a été l’artiste québécoise sélectionnée pour une résidence d’un mois à l’été 2023 au CSC – Centro per la Scena Contemporanea (Bassano del Grappa, Italie) et d’un mois à Circuit-Est Centre Chorégraphique (Montréal), soutenue par le CALQ. Cette résidence a été l’occasion de lancer la toute première étape de recherche de cette création. Entre nous sommes pris entre nous suit le parcours de deux femmes seniors, assises sur des quadriporteurs, mises en relation avec un chœur de 5 femmes. Ces deux femmes racontent les décennies traversées. Elles évoquent les souvenirs de leur première rencontre, des fragments de vie, des regrets, constatent le temps qui passe et nous le donnent à voir à travers les silences. Une ode à l’amitié ; une perspective ponctuée d’humour sur la vie, la vieillesse, la maladie, l’entraide.
Le propos d’Entre nous sommes pris entre nous : l’interdépendance. Nous nous construisons par nos rapports aux autres en faisant communauté pour le meilleur ou le pire. Pris en nous-mêmes, nous sommes pris à créer des connexions avec les autres pour avancer. Cette prise de conscience fondamentale peut-elle tracer le chemin vers plus d’empathie et d’altruisme ? La société actuelle amène souvent les gens à vivre dans un état réactif (les opinions ou les étendards prévalent sur l’empathie) ; cette création vise à prendre du recul et nous rappeler ce que nous avons en commun plutôt que ce qui nous divise.
Le temps des fruits, leur première création, est un spectacle d’une grande beauté, deux individus ouvrent des brèches en eux et se lancent dans une quête d’authenticité au sein de leurs héritages, au beau milieu d’un monde qu’ils souhaitent reconstruire. Le temps des fruits est l’aboutissement d’une recherche sur ce que constitue notre héritage humain : nos lacunes intimes et collectives, la transmission des savoirs, les millénaires de conquêtes, de découvertes, d’angoisses et de stéréotypes. Cette première pièce leur a valu l’obtention du Prix Culture de LOJIQ (2019), remis dans le cadre du Gala 35 ans d’échanges et de mobilité jeunesse entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Québec, pour souligner l’excellence de leur projet parmi ceux réalisés depuis les dix dernières années sur ce territoire. Suite à la webdiffusion de cette pièce à Tangente (2021), celle-ci a fait fièrement partie des Sélections Nationales 2022 et 2023 de RIDEAU, et y a été présentée en intégrale. Depuis, Le temps des fruits tourne sporadiquement (en Abitibi en 2022, ainsi qu’à Trois-Rivières et Montréal en 2024).
Leur deuxième création, L du Déluge, a été présentée à La Chapelle Scènes Contemporaines (2022). Cette pièce épique pour une femme et un choeur suit l’histoire d’Ariane, brisée par l’expulsion de son amour hors d’une cité-État dystopique. On assiste à une épopée de sa reconstruction qui par le fait même lui permet de s’affranchir du monde monstrueux qui tente de l’aspirer. Pour cette pièce, elle.il ont été lauréat·e·s de la résidence en nouvelles pratiques artistiques (2022, CAM, La Chapelle Scènes Contemporaines et REPAIRE). Cette pièce, incarnée par 12 interprètes et portée par 16 collaborateur·trice·s, a reçu d’éloquentes critiques.
Depuis 2024, il·elle s’identifient désormais sous le nom de Mille feux et ont fièrement inauguré leur studio du même nom au cœur de l’île de Montréal. Véritable ancrage pour leurs créations et leurs équipes, cet espace lumineux est aussi rendu disponible à la communauté artistique, répondant ainsi au manque flagrant d’espaces de création.