Bonsoir cher public, où que vous soyez.
Le vrai et le faux, en 2021, ont-ils été vidés de leur sens? Allons-nous oublier, à force de nous distancier, comment entrer en contact avec l’autre? Que se cache-t-il dans le hors-cadre de nos écrans, petits et grands? L’art et le théâtre sont-ils des denrées essentielles pour l’âme, à défaut de remplir l’estomac?
C’est toujours grisant d’entrer en salle de répétition avec mille et une questions, et d’en ressortir avec quelques réponses, mais surtout mille et une autres questions. Et pas les mêmes qu’à la ligne de départ. Pirandello, en son temps, a voulu brasser la cage des codes théâtraux, et depuis, entre la commedia dell’arte, le néoréalisme italien et l’improvisation sportive de la LNI, notre regard s’est habitué à ces explorations « sans filet ». Malgré tout, il émane toujours de cette pièce, du moins à mes yeux, la beauté et la complexité du collectif, le paradoxe artistique mais aussi humain qu’est celui de savoir créer dans la contrainte, et le concept fuyant et plus grand que nature de la liberté. Couvre-feu tant que vous voudrez, mais jamais couvre-flamme! Au passage se profilent les thèmes inusables et insondables de l’honneur, de l’amour, de la jalousie et de la place de l’art dans nos vies. Il y a pires combustibles, vous en conviendrez.
Ce soir, il ne faut donc pas chercher à tout comprendre, car il s’agit bien d’une histoire trouée. Mais comme le disait le poète au chapeau feutré, tout est dans la lumière qu’on y laisse entrer. J’imaginais déjà Ce soir on improvise comme le spectacle des retrouvailles. Mais où que vous soyez, cher public, bondissez avec nous dans l’arène, car la vie vaut toujours la peine d’être réinventée, bousculée et… jouée.
Je n’aurais pas pu espérer mieux, pour ce baptême professoral dans une école de théâtre, que de côtoyer ces jeunes artistes au talent de feu, aux convictions profondes et à la solidarité manifeste, sur scène comme en coulisses. Je les remercie de tout mon cœur de m’avoir fait une place dans leur troupe. Et d’avoir enduré mes métaphores des plus improvisées!
Comment on dit, déjà? MERDA!
« Mesdames et messieurs, le spectacle va enfin commencer… » Nicolas Gendron