Dramaturgie multidisciplinaire d’Hamlet-driver
La résidence au Théâtre Aux Écuries, va nous permettre d’aborder la dramaturgie multidisciplinaire d’une manière précise. On a une histoire de fond, l’Orestie, une tragédie grecque avec un final fatal certain. Cette histoire soutien le drame d’Hamlet-driver en forme de fiction. On a l’histoire réelle qui vertèbre la pièce et la justifie, grâce aux notes réelles de Manuel Valenzuela, emprisonné avant d’être assassiné. Le travail précis du matériel textuel réel va être abordé et précisé durant cette résidence. Comment il va être rendu au spectateur ? Quelle place va-t-il prendre dans le drame de la pièce? Comment rythme-t-il les actions ? Plusieurs questions auxquelles l’équipe essayera de répondre.
En parallèle, se développe le drame fictif d’Hamlet-driver. Un personnage-personne, qui habite un dispositif théâtral crée entre Barcelone et Montréal en direct. Cet encadrement théâtral nous permet de faire le va et vient entre le réel et le fictif, propre du théâtre performatif. Mais, notamment, il va nous permettre de créer un dispositif vivant qui assure la recherche de l’acteur pendant la création et la performance. Ce dispositif va être précisé, également, pendant la résidence.
La vidéo, les connexions en direct entre Barcelone et Montréal, les visites qu’Hamlet-driver fait sur le réseau, ainsi que ses actions à travers le jeu-vidéo, constituent les éléments pour l’écriture du drame fictif.
Le dispositif où l’acteur et les spectateurs sont immergés est constitué d’un espace virtuel et d’un espace physique. Avant de le créer, il est nécessaire de réfléchir aux possibilités les plus favorables pour que ce dispositif soit vraiment vivant et fonctionnel, en prenant en considération les mesures que la pandémie nous impose.
Écriture du dispositif multidisciplinaire d’Hamlet-driver
La Trilogie de l’exil s’inscrit dans la recherche des nouvelles écritures dramatiques et plus largement elle interroge les limites du réel et du fictif au théâtre. C’est pourquoi les trois projets qui constituent cette trilogie ont comme base dramaturgique des faits et des expériences réels. Le théâtre performatif tient compte du réel et inclut également le spectateur comme élément constitutif de l’œuvre. Tout le projet, en son ensemble, s’articule à partir d’une recherche sur le jeu de l’acteur. Hamlet-driver est née des interrogations que se posent les acteurs quand on doit aborder la création sans personnage. C’est d’après la dichotomie entre personnage et personne que tout le dispositif scénique est créé. Quand on questionne le rapport entre l’acteur et le personnage, qu’est-ce qu’on remet en cause ? Est-ce le modèle qui nous renvoie le personnage ? Est-ce la manière dont l’acteur aborde le personnage ? Ou est-ce la pertinence des questions que les textes nous posent ? Les Grecs se servaient de la tragédie pour se poser des questions politiques et/ou éthiques. Le théâtre était conçu comme une Agora, car des questions fondamentales humaines et sociales se posaient sur scène. Ainsi, la Trilogie de l’exil pose également des questions. Après son dispositif multidisciplinaire, qui est une sorte d’Agora contemporaine, Hamlet-driver lance la première question : comment faire respecter les droits des personnes dans le monde ?
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Trilogie de l’exil. Théâtre performatif multidisciplinaire.
La trilogie de l’exil, est une actualisation de la tragédie grecque. L’action, la réflexion, ainsi que les effets cathartiques et l’apprentissage, propres de la tragédie, y sont renouvelés grâce à une dramaturgie performative la plus contemporaine et à l’emploi des nouvelles technologies.
Hamlet-Driver, première pièce de cette trilogie basée sur l’Oreste d’Eschyle, prend sa source dans Agamemnon. Dans cette pièce, nous sommes témoins de l’assassinat du roi. La victime réclame vengeance à sa progéniture. Mais, comment venger un assassinat d’état ou y rendre justice aujourd’hui ? L’acteur se pose ces questions et, dans son isolement, essaie d’organiser une vengeance qui frise l’acte de folie.
On crée un dispositif scénique vivant dans lequel le processus est la création. Ce qui va permettre au spectateur d’avoir une expérience « réelle ».
L’action (réalisée en direct à travers les techniques) se construit dans deux pays différents (Canada, Espagne). Chaque personnage de la pièce se trouve dans un espace. Ainsi, le spectateur a accès à l’ensemble de l’œuvre : il verra tout, d’après le point de vue d’un des personnages, dont lui-même fera partie et auquel il ne pourra pas se soustraire, de par son territoire et sa langue. Sera-t-il alors spectateur ou collaborateur ?
Le projet s’inscrit dans une recherche sur la subjectivité comme nouvel outil de l’acteur et, plus largement, interroge sur les limites entre le réel et la fiction. Également, il veut promouvoir le développement artistique de technologies qui vont avoir un rôle social capital dans les sociétés futures.
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Texte : Hamlet-driver (texte multidisciplinaire en forme de dispositif scénique dans deux villes : Montréal-Barcelone).
Texte original : des notes de Manuel Valenzuela emprisonné avant son fusillement.
Textes classiques adaptés : Agamemnon et Choéphores d’Eschyle, Hamlet de Shakespeare.
Matériel cinématographique adapté : Taxi-driver de Martin Scorsese.
Production : Conseil des arts de Montréal, CONCA Conseil des arts de la Catalogne, Théâtre Aux Écuries, Institut del Teatre de Barcelone
Traduction : À venir (Les choix des traductions fait objet de la résidence)
Adaptation : Agamemnon, Orestie I d’Eschyle
Mise en scène : Emma Gomez
Assistance mise en scène pour l’étape de création : Soles Velázquez (Barcelone) , Arianne Lamarre (Montréal)
Conception artistique : Emma Gomez
Concepteur visuel et d’espace : Lionel Arnould
Concepteur jeu-vidéo : Ganesh Baron
Concepteur vidéo (leitmotiv Trilogie de l’exil) : Alexandre Berthier
Concepteur espace : Judit Colomer
Distribution : Roser Batalla (Barcelone), Emma Gomez (Montréal)
Eclairage pour l’étape de création : Mathieu Marcil
Merci à : Mathieu Marcil, pour le processus de conception et la recherche sur l’acteur, Simon-Pierre Ramon et Mercè Estrada pour la recherche de l’acteur, Michal Seta, Jessie Mill, Sara Fauteux, Ramon Simo, Ivan Beltran, Ferran Dordal et Gaëtan Gosselin pour leurs commentaires et leurs encouragements pendant l’étape de conception.
Merci également à : Carmen Valenzuela (ma mère, le bébé dans l’histoire du Fantôme), Mercedes Martos (ma grand-mère et épouse du Fantôme). Merci d’avoir conservé les notes qui constituent le texte, de m’apprendre ma mémoire historique, et pour m’avoir fait la demande de me lancer dans ce processus explicatif. Cette demande est le vrai moteur de ce projet. Merci à toutes les deux, pour me permettre de construire ce projet à partir votre vie réelle. Enfin, merci aux notes de mon grand-père, que je n’ai jamais connu. Elles m’ont permis de comprendre l’origine de mon esprit. Ce projet répond à son désir de raconter au monde ce qui était en train de se produire dans l’Espagne d’après-guerre, caché des yeux internationaux. L’Espagne est le second pays au monde avec le plus de fosses communes. Partout dans le pays, les chemins fleuris abritent des morts jamais avertis, tel mon grand-père.
Également originaire de la Grenada, Garcia Lorca, se trouve dans un de ces chemins. On essaie, encore aujourd’hui, de deviner où il est, et comment il est arrivé là, après quelle course macabre. On peut se faire une idée avec le témoignage de Manuel Valenzuela. Ce projet est un hommage à lui et à tous ceux qui se sont battus et se battent encore, contre le fascisme.
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Emma Gomez
Emma Gomez étudie en interprétation avec John Strasberg et à l’Institut del Teatre de Barcelone. Elle joue des rôles principaux, notamment dans des pièces de Schiller, Tennessee Williams, Bernard-Marie Koltès ou Dea Loher. Elle gagne le prix des gradués avec son projet Quartet de Heiner Müller, qui sera présenté au Festival Internacional Temporada Alta en 2005. Elle joue par la première fois du théâtre physique avec Alan Beckerleg, ce qui va réveiller chez elle l’intérêt par les formes théâtrales performatives et pour la recherche dans le langage théâtral à partir du jeu de l’acteur. Cependant, c’est de la main de Christina Schmutz et Frithwin Wagner-Lippok dans Animal tristesa, negre d’Anja Hilling (où elle joue les six personnages de la pièce), qu’elle s’immerge définitivement dans la technique de la distanciation brechtienne et le théâtre post-dramatique. La conviction que le jeu de l’acteur joue un rôle capital dans le développement du langage théâtral l’amène à Montréal pour se consacrer à la recherche. Elle est invitée à se joindre au groupe de recherche « Effets de présence » par Josette Féral et grâce au soutien du CONCA (Conseil des arts de la Catalogne) elle plonge dans la culture artistique québécoise de la main de Robert Lepage, Daniel Danis et Jean Frédéric Messier. Elle décide approfondir ses recherches dans le cadre d’une maîtrise en théâtre à l’UQAM et obtient le prix FARE à l’excellence ou elle travaille comme assistante à la direction d’acteurs d’Alain Fournier et de Martine Baulne.
En 2013, elle est comédienne dans Lactée, court métrage d’Andrée-Anne Roussel, présenté au Festival de Cannes, et dirige dans le cadre de sa maîtrise Paella Barcelonaise, une création de théâtre performatif où elle s’interroge par la première fois sur les possibilités d’établir la base d’une nouvelle technique en jeu qui aurait la subjectivité de l’acteur comme source de la création. En 2014 joue un premier rôle à Un sur deux, une série télévisée TVA, sous la direction de Claude Desrosiers. Elle collabora avec Nini Bélanger pour Plaza diffusé au FTA 2015 et avec Pascale Rafie dans Belles sœurs d’ici et d’ailleurs.
Son projet multidisciplinaire Soubresauts, de Samuel Beckett (poème visuel et sonore contre la guerre) est invité à se développer en 2016 à Recto-verso de la Méduse à Québec. Elle écrit la Trilogie de l’exil : Hamlet-driver, Co-mando, La persécution de Colomb par des femmes inuits, une version contemporaine de l’Oreste d’Eschyle qui tente de renouveler au théâtre l’espace de réflexion et d’apprentissage intrinsèque à la tragédie Grecque. Cette création, qui se développe en partie grâce au soutien du Théâtre Aux Écuries et de l’Institut del Teatre de Barcelona, elle vise à créer un pont culturel entre le Québec et la Catalogne et elle fera naître au Québec en 2017 la compagnie de théâtre politique Théâtre de la subjectivité. Elle est choisie par Nini Bélanger et le Théâtre du Quat’sous pour aborder le manifeste du FLQ sur scène dans À te regarder ils s’habitueront. En 2018, elle est interprète dans Les belles sœurs polyphoniques de Michel Tremblay avec Alexia Burger dans les « Dramaturgies en dialogue », au FIL dans Des fleurs pour Rodoreda avec Colin Zouvi et à l’Euguélionne, elle joue dans la Place du diamant dirigée par Solène Paré.
En 2019 elle commence sa collaboration avec Olivier Arteau dans An the end everybody’s fucking présent au OFFTA 2019 au Théâtre Aux Écuries. La même année, elle part en Colombie avec le soutien du CALQ et du CAC pour l’écriture de la pièce La persécution de Colomb par des femmes amérindiennes. En 2020 la pandémie laisse ses projets en suspension, Nous Campions OFFTA 2020 et Mois Multi 2021 d’Hugo Nadeau et, notamment un 6 à7 du Jamais Lu 2020. Cependant, elle débute avec un premier rôle dans la série télévisée Contre-Offre écrite par Marie-Chantal Nadeau et Benoît Finley de la main du réalisateur Martin Roy.
Le Conseil des arts de Montréal soutien le projet Hamlet-driver, ce qui va nous permettre le développement de sa dramaturgie multidisciplinaire lors de cet accueil-éclair au Théâtre Aux Écuries, qui a été déterminant dans tout le processus de ce projet théâtral, qui est le plus personnel et controversé de l’artiste.