Le 4 avril 2022, le GIEC annonçait que la majorité des changements climatiques sont désormais irréversibles et que plusieurs risques « sont inévitables à court terme, quel que soit le scénario d’émissions [de GES]». En d’autres mots, le monde comme nous le connaissons et ses systèmes seraient voués à s’effondrer, que ce soit de façon intentionnelle (par un choix concerté mondialement) ou imposée (par la force de la nature). Pour surmonter la confusion et le désespoir, il faut commencer à nous libérer du système de valeurs de la civilisation industrielle.
En invitant dans la création un chœur de personnes qui se sont déjà retrouvées au cœur d’un effondrement, la compagnie s’inspirera de L’Espèce fabulatrice, essai de Nancy Houston, dans lequel la place des récits est considérée comme principal moteur de l’évolution des sociétés, et la narrativité, comme technique de survie. Les performeur·euse·s partageront les manières dont ils·elles ont habité le trouble et ce qui pétrit leurs « après ». Au fil des dix représentations, ils·elles devront s’occuper d’un jardin sur scène. Sans sol ni soleil, le résultat est imprévisible. La tâche se reconduira d’une représentation à l’autre. Elle pourra se solder par un échec ou une victoire. Dans quel état sera laissée la vie ? Une préparation aux difficultés d’entretenir les jardins dans un monde artificiel.
L’ESPÈCE FABULATRICE
Montage de textes et de témoignages et écriture de plateau Michelle Parent l Conception Marie-Ève Fortier, Andréanne Deschênes, Michelle Parent l Distribution avec des personnes qui ont en commun d’avoir vécu un effondrement
Pirater pour voir autrement. Dans un esprit de recherche artistique, Pirata Théâtre compose depuis 12 ans des « portraits de société ». Ces fresques vivantes sont ancrées dans le présent de la représentation et prennent leurs sources dans des matériaux non théâtraux, tels des faits véridiques, des témoignages, des références au réel, ainsi que dans l’inclusion sur scène et dans le processus de création de citoyens·nes et de non acteur·rice·s. Par l’écriture de plateau et le travail de montage, nous cherchons de nouveaux réseaux de sens entre les réalités et entre les êtres, afin de faire émerger les débris invisibles que notre époque sème en nous (pensées intérieures, sensations, angles morts, constats). La scène est une plateforme pour réfléchir à ce qui nous traverse, à ce que l’on subit, à ce que les systèmes déposent en nous, à ce que nos silences endossent, à ce que l’on voudrait changer.
On se souviendra des Bienheureux, qui rassemblait des gens recevant les services du centre de réadaptation en dépendance de Montréal pour parler de la quête de l’euphorie perpétuelle; d’Album de finissants, qui pendant cinq ans a rassemblé ados et acteur·rice·s dans une écriture éclatée et poétique; du Sixième sens, écrit et performé par des personnes ayant un lien intime avec le choc post-traumatique.
Depuis 2019, Pirata Théâtre travaille et diffuse, au Théâtre Aux Écuries, le cycle de la collapsologie. Il s’agit d’un triptyque, de trois spectacles qui abordent l’effondrement du vivant en trois temps : avant (Comment épouser un milliardaire), pendant (100 secondes avant minuit) et après l’effondrement (L’Espèce fabulatrice).
Le spectacle appelle à considérer la place des récits comme moteur principal de l’évolution des sociétés et des individus : le monde d’aujourd’hui est né du mythe du progrès, qui est un récit auquel nous avons tous largement adhéré. Parce que c’est ainsi que nous, humain·e·s, voyons le monde : en l’interprétant, c’est-à-dire en l’inventant, car nous sommes fragiles, nettement plus fragiles que les autres espèces. Reprenant les thèmes de L’Espèce fabulatrice, essai éponyme de Nancy Houston, ce spectacle est une expérience de confrontation entre les récits intérieurs qui nous élèvent et les récits collectifs qui s’effritent. Peut-on bouturer le personnel avec le collectif ? Quelle racine prendra, survivra ?
Le spectacle nous confronte à un exercice de réalité : celui de la difficulté à faire pousser des jardins dans un monde artificiel. L’Espèce fabulatrice nous fait réaliser l’impossibilité d’y parvenir sans se salir les mains et sans anticiper toutes les ramifications souterraines qui surgiront : jardin d’idées, ou jardins de fleurs.
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