La pièce présente deux bonnes d’âge mûr issues de la campagne chinoise qui travaillent pour Madame en tant qu’assistantes personnelles. Madame est jeune, riche, et elle a bénéficié d’une éducation occidentale prestigieuse. Elle parle couramment l’anglais et le français. Les Bonnes détestent Madame ; elles voudraient être Madame. Mais petit à petit, les bonnes réalisent que ce n’est pas nécessaire d’être comme les blancs pour réussir – le pouvoir des Chinois augmente. Peut-être que Madame a appris comment gagner grâce à son éducation occidentale : elle a appris des maîtres de la colonisation, et maintenant elle est elle-même prête à coloniser le monde.
« Je suis d’origine chinoise de deuxième génération et ai vécu beaucoup de racisme internalisé pendant mon enfance et mon adolescence. À l’école, j’arrivais presque réussi à oublier ma différence de par l’immersion dans la culture occidentale. Parfois, c’était une surprise de voir mon visage chinois me regarder dans un miroir. Mais chez-moi, j’étais chinoise. Je parlais mandarin, je mangeais une cuisine chinoise. Les deux côtés me tiraient : cette appartenance et cet amour de ma culture chinoise, et mon désir d’être plus comme les blancs. Maintenant, mon regard sur l’augmentation de pouvoir de la Chine et mon appartenance culturelle sont complexes et font s’entremêler le personnel et le politique.
Cette fierté revendicatrice côtoie donc une certaine perplexité, une distance critique et des questionnements personnels. La Chine refuse d’accepter les déchets plastiques de l’occident dès janvier 2018. « Cool ! On ne veut pas de vos déchets ! » me dis-je. Les femmes asiatiques sont considérées comme les plus désirées sur les plateformes de rencontres. « Cool ! » Mais aussi inquiétant et de l’huile sur le feu ardent des questionnements d’une trentenaire. La Chine investit massivement dans des projets infrastructure en Afrique « Est-ce que la Chine sera la force colonisatrice de notre siècle ? Une autoroute en Afrique, un bâtiment à Vancouver, une ferme au Québec à la fois ? » Les problèmes sont la colonisation et le capitalisme, non pas la Chine, mais la question flotte quand même dans mon esprit.
Ce spectacle abordera donc mes sentiments et ceux de mes collaboratrices en tant que Chinoises, entre nous, mais aussi notre relation avec les gens occidentaux et les membres du public. »
Axe·s de travail abordé·s durant l’accueil :
Le but pour la résidence cette année est de finir de créer le spectacle! La première année, l’équipe explora beaucoup autour des thèmes, beaucoup des discussions. Sophie travailla également l’écriture en solo en studio. Cette année, ils désirent commencer à inclure leurs concepteurs et avoir des présentations de travail en chantier.
Texte : Sophie Gee, avec Claudia Chan Tak, Angie Cheng et Winnie Ho
Traduction : Wai-Yin Kwok
Mise en scène : Sophie Gee
Distribution : Claudia Chan Tak, Angie Cheng et Winnie Ho
SOPHIE GEE
Diplômée de l’École nationale de théâtre du Canada, Sophie Gee travail entre théâtre, danse, recherche et art contemporain. Son travail est parfois immersif, parfois multidisciplinaire, le plus souvent performé par des personnes captivants, quelque soit leur profession, et toujours enraciné dans le théâtre, les histoires et le corps. Sous le nom Nervous Hunter elle a créé parmi autres: Lévriers (MAI, Montréal arts interculturels et reprises au Centre national des arts et CAM en tournée), Domestik (Eastern Bloc, Montréal), The Phaedra Project (No! I! Don’t! Want! To! Fall! In! Love! With! You!) (MAI, Montréal, arts interculturels), I am such a small container for all this (Festival SEAS, Islande). Comme metteur en scène elle a travaillé avec Imago Theatre (The Tropic of X de Caridad Svich) et Geordie Productions (Fear of Missing Out de Michaela di Cesare). À venir: co-mise en scène pour An Untitled Commission de Kalale Dalton-Lutale et Hoda Adra pour Talisman Theatre et elle sera un des six metteurs en scène/créateurs pour Duos en Morceaux de Théâtre I.N.K.