Ce texte de Maryse Condé nous raconte l’histoire de deux amis d’enfance, Grégoire et Jeff, la trentaine, qui après un nouveau mauvais coup qui a mal tourné – un homme est mort d’une balle tirée par Grégoire – se retrouvent en prison, à la veille de leur procès. Ce qui se joue dans ce huis clos c’est la mise à l’épreuve des liens d’enfance et d’amitiés : Jeff qui a toujours endossé les fautes et les erreurs de Grégoire, acceptera t-il de prendre sur lui, cette fois-ci, le crime de son ami, de son frère ? Plus encore que le crime, ce que Grégoire demande à Jeff c’est de le décharger de la culpabilité qui accompagne son geste fatal. Ce « transfert » est-il possible ? Si oui, à quel prix ?

Par le biais de ces deux jeunes paumés, l’auteur à pour ambition de dresser un réquisitoire de la société guadeloupéenne, de ses absurdités politiques, judiciaires, éducatives et familiales. Jeff et Grégoire sont les rebuts d’un système qui a échoué et qui ne laisse rien à sa jeunesse : ni espoir, ni illusion, ni rêve. Rien que la culpabilité et les désirs obscurs à négocier.

Note de José Pliya, adaptation dramaturgique


CRÉDITS

Texte de Marise Condé | Adaptation dramaturgique José Pliya | Co-création Miracson Saint-val et Staloff Tropfort | Assistant à la mise en scène Ketsia Vaïnadine Alphonse


Axe·s de travail abordé·s durant l’accueil : 

  • Au départ il y avait simplement une question. Quand un individu, homme ou femme, a passé une trentaine d’années de son existence enroulée dans une violence sans fin, continuellement alimenté par les inégalités, comment cet individu résiste et survit à cette violence ?
    De plus en plus cette interrogation prenait une tournure beaucoup plus intime pour nous, artistes venant d’Haïti et qui avons habité les quartiers populaires pendant au moins 30 ans de notre existence. Quels mécanismes ont été mis en place et intériorisés qui nous ont servis d’abri ou de refuge face à ce système cannibale qui détruit toute une jeunesse ?
  • Cette création est une possibilité d’explorer ces questions à travers nos corps. Aujourd’hui avec du recul, nous entamons un voyage intérieur à travers nos expériences, nos vécus, nos zones d’ombres, nos points de lumière. Jusqu’à tisser une partition corporelle qui témoigne de comment on a résisté face à cette violence.

BAZOU COMPAGNIE

Cie BAZOU, en hommage à BAZOU MENNEN, Loa du vodou haïtien, s’engage à créer un espace théâtral universel dédié à la décolonisation en explorant les thèmes de la mémoire, de la résistance, de la tolérance et du respect des droits individuels. Souhaitant créer des expériences artistiques qui transcendent les frontières culturelles, la compagnie s’entoure d’artistes-chercheurs qui s’intéressent autant à la recherche qu’à la production et à la formation.
Cie BAZOU, fondée en 2015 par Ketsia Vaïnadine Alphonse et Miracson Saint-val, deux artistes haïtiens qui partagent un engagement fort pour l’histoire d’Haïti, la résistance face à l’oppression, la liberté, etc. Ils ont commencé à travailler ensemble autour du projet «SANG BRIDES», texte de Ketsia Vaïnadine Alphonse abordant la dictature des «Duvalier» en Haïti, de 1957 à 1986.
Cette première création a été le point de départ d’une série de projets passionnants, témoignant de la complicité artistique entre eux, parmi lesquelles :
«DEVOSYON» (2020) : une création pluridisciplinaire explorant les thèmes «Vodou et de la Négritude».
«IN MEMORIAM» (2019) : Texte de Jean-René Lemoine commémorant le séisme du 12 janvier 2010.
«CHEMINS DE FER» (2017-2018) : un texte de Julien Mabiala Bissila.
«ABATTOIR» (2016-2017) : abordant la problématique des enfants impliqués dans des gangs armés en Haïti.

En 2021, la compagnie a décidé d’entreprendre un projet de recherche-création sur le thème Vodou et droits humains. Le résultat de ce travail fut la production d’un album de musique de 16 titres en collaboration avec environ une dizaine d’artistes. L’album porte également le nom du projet «LIMINASYON»

En 2023, Ketsia et Miracson se sont installés à Montréal. À la fin de cette même année, ils ont procédé à l’enregistrement officiel de la compagnie auprès du Registraire des entreprises du Québec. De sa création en 2015 à nos jours, la Cie BAZOU continue d’explorer les questions de mémoire, de décolonisation et de résistance.

 

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